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La crise sanitaire est-elle en train de résoudre la crise politique ?

A. HAMDAD
24 Jul, 2020 temps de lecture: 4 min
<a href="http://www.cristinasampaio.com" target="_blank">Cristina (Portugal), Público</a>
Cristina (Portugal), Público

Au fil des crises

Les crises sont souvent le catalyseur des poussées populistes. Elles sont aussi les causes de leurs replis. Le populisme est fondé sur deux propositions : une représentation polarisante de la société divisée en deux blocs antagonistes et la revendication de représenter le bloc exclu (Voir cette excellente recherche de GILLES IVALDI Chargé de recherche CNRS). On note d’abord que les attitudes populistes, caractéristiques de ces courants, existent sur l’ensemble du spectre partisan, notamment dans ses deux extrêmes.

Les reflux

Les résultats des dernières élections dans divers pays, ainsi que des sondages, montrent un net recul des partis dits « populistes », souvent par euphémisme. Les électeurs, qui ont ostensiblement exprimé leur défiance envers leurs élites traditionnelles, reviennent à de meilleurs sentiments et relèguent ces courants extrêmes à leur place « normale » dans la cloche de Gauss.

En France, les dernières élections municipales confirment le repli des populistes. Les sondages aux USA montrent un président Trump au plus bas. Sa gestion de la crise devient anecdotique à première vue, mais dramatique pour les Américains, voire pour tout le monde, vu le poids des USA à l’échelle internationale. Au Royaume uni, l’image de Boris Johnson ou de Jair Bolsonaro (Brésil), prenant des bains de foule alors que tous les gouvernements du monde prônaient la distanciation sociale, a rappelé combien ces courants sont irrationnels et leur incapacité à répondre à une crise sanitaire de cette ampleur. La conséquence de leur imprudence était inéluctable. Ils ont contracté le virus.

En Italie, La ligue du Nord, revenue à l’opposition, s’essouffle. Les carburants de ses thèmes se tarissent. la crise migratoire qui a porté ce courant extrémiste au pouvoir devient un enjeu mineur face à la crise économique induite par la pandémie. La crise migratoire était, il y a quelques mois, à la tête des préoccupations publiques. Elle est détrônée maintenant par la Crise économique. Vaincre une crise de cette ampleur nécessite le recours aux experts, à cette élite, que fustigeait ce courant.

Dominic Cummings, un autre proche de Boris Johnson qui a violé les règles du confinement | Euronews


Des réponses à la crise conformes aux attitudes populistes

Négationnismes et boucs émissaires

Sonnant comme un rappel, les ripostes de ces courants à la crise sanitaire sont comme à l’accoutumé le négationnisme, de la négation de la crise climatique à la négation de la gravité de la crise sanitaire. Comme les effets de cette crise sont à très courts terme. La démagogie est vite rattrapés par les statistiques des décès. La phrase président Bolsonarode (Brésil) est devenue illustration du négationnisme populiste de la légèreté avec laquelle est appréhendée la chose publique : « Après avoir été poignardé, ce n’est pas une grippette qui va m’abattre ! ».

Comparée à la privation des sapeurs-pompiers de moyens pour circonscrire un feu en cours, la décision du président Trump de cesser de financer l’OMS pendant une crise sanitaire mondiale cadre tout à fait avec la logique populiste, qui au lieu de résoudre les problèmes par des moyens techniques millénaires donne à son public des boucs émissaires.


Coronavirus: Donald Trump suspend le financement américain de l'OMS | BFM TV


La proposition principale fondant le populisme est l’antagonisme aux élites. Donc, au fil de leurs mandats, les dirigeants populistes chassent les experts et les compétences, dans une histoire récente et même actuellement de manière violente. La gestion des crises demande des compétences et des expertises que ne peuvent assurer les populistes fondamentalement.

La mondialisation un moyen de lutte contre les crises sanitaires et économiques

Les courants populistes ont au moins le mérite de réveiller certaines élites de la torpeur conformiste et les éveillent pour être plus à l’écoute de leurs concitoyens et plus attentifs aux environnements. Je déforme ici une citation d’Yves Courrière : « On n'arrête pas le progrès dit-on. La bêtise non plus.» Cette dernière est sa gardienne.

Les enseignements de la crise sanitaires et ses conséquences s’inscrivent en faux contre les thèses populistes. Maintenant que l’universalité humaine commence à être bien assise, une riposte multilatérale est plus à même d’en venir à bout.

Auteur:  A. HAMDAD

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