Je vais effrayer nos écoliers en leur disant que leurs disputes avec les cancres dans les cours d’école se poursuivent toute leur vie, notamment lorsque l’un d’eux accède par accident à des niveaux de responsabilité lui conférant le pouvoir de pourvoir des postes subalternes. Une fois adultes, ils devront donc rester vigilants pour éviter de leur laisser accéder à ces postes critiques.
En effet, lorsque le niveau d'exigence en compétences demandé aux hauts cadres baisse, on pourrait voir de petits délinquants des rues influencer des décisions aussi importantes que les relations entre les Etats. Une telle déliquescence des exigences en matière de compétences s’observe également dans nos entreprises, où le recrutement d’un cancre semble désormais plus rentable que l’embauche d’une personne compétente. Les entreprises se contentent de se partager l’argent des contribuables ou celui de la dette reportée sur nos enfants. Eh bien oui, comme dans les sociétés primitives, les enfants servent encore à rapporter de l’argent aux parents, et dans notre cas, aux arrière-arrière-arrière-parents, tellement les montants sont astronomiques !
Je reviens donc au sujet des cancres, qui vivent actuellement leur meilleure vie, car j’ai eu la malchance d’en être victime. Mon récent licenciement a été décidé par l’un de ces hauts cadres, uniquement pour afficher sa toute-puissance, sans aucun respect pour les lois, les règlements, ni même les usages, les convenances ou les coutumes. Cependant, ce haut cadre ne fait que refléter et diffuser, tel un relais téléphonique, une nouvelle culture managériale et de direction devenue conjoncturellement dominante : la culture de la direction tyrannique.
Une tyrannie particulièrement perverse et qui n’a pas lu, qui prend plaisir à exhiber, même devant toutes les instances protectrices du travail, un pouvoir absolu de vie ou de mort sur les employés. Les dociles et les soumis sont gracieusement récompensés, mais malheur à ceux qui respectent scrupuleusement les règles : ils sont sévèrement châtiés.
Parce que je m’entêtais à faire respecter les lois et les procédures, j’avais scellé mon sort. Par exemple, moi, je déduisais les amendes reçues par ce haut responsable de son salaire, tout comme je le faisais pour les autres salariés (Avant, il se permettait d’ignorer le code de la route ou ne pas payer ses impôts, parce qu’il avait pris l’habitude de les comptabiliser comme des charges de l’entreprise, pas avec moi, j’exécutais les avis à tiers détenteur du trésor public).
J’exigeais également des dossiers d’achat complets et, de manière générale, je ne répondais à ses demandes que lorsqu’elles étaient conformes à la loi et aux règlements, en accord avec les statuts de l’entreprise et le contrat de travail qui m’y lie.
Dans une situation normale, un tel exercice de mes fonctions aurait été motif à récompense, à avancement, et à une reconnaissance comme un collaborateur fiable sur qui l’on peut compter. Mais pour ce haut cadre, et pour la culture d’entreprise qu’il relaie — cette culture de direction tyrannique, que j’appelle la culture des rangers (en référence aux chaussures militaires), mon exercice était une raison de m'identifier comme un risque qu’il faut soumettre ou supprimer. Il a tenté donc dans un premier temps de me soumettre, puis en désespoir de cause de me supprimer.
La liste des coups de bas niveau que j’ai reçus et des messages subliminaux concomitants de ces coups est longue et ne mérite pas d’être détaillée, mais je vais vous en donner un exemple (je vous assure, la liste est vraiment longue. Un collègue, qui m’était supérieur hiérarchiquement, m’a dit : « Comment pourriez-vous supporter la pression d’un haut responsable ? » pour justifier son jet de l’éponge, puisqu’il a négocié un départ; il en avait la possibilité. Il avait au moins essayé, moi aussi; ces gens-là opèrent au vu et au su...):
J’ai fait une demande de logement pour me rapprocher de mon lieu de travail (et de mes enfants), dans le cadre des facilités accordées aux travailleurs, et pour laquelle j’ai sollicité son appui dans l’intérêt de l’entreprise. il ne lui a pas seulement opposé un non avenue, mais il a activement bloqué ma requête, connaissant les responsables de cette structure de facilitation mise en place pour améliorer la vie des travailleurs, et il se targuait à dire qu’il avait accès direct à tous les hauts responsables en France.
Parallèlement, il affectait de soutenir les demandes de logement de collègues plus « conciliants », ces derniers recevant des réponses positives, et il ne cachait pas sa satisfaction de me le faire savoir, espérant évidemment un changement d’attitude de ma part. C’était comique, presque risible, tant le niveau était bas, quand bien même ces harcèlements causeraient beaucoup de préjudices pour la personne morale, l’entreprise, et pour la personne physique employée de cette entreprise. Et les pauvres collègues, soi-disant privilégiés, ignoraient peut-être que c’était leur droit d’accéder à ces facilitations d’accès aux logements et croyaient que leur docilité expliquait leur succès. Je rappelle que les salariés paient des cotisations très élevées pour bénéficier de ces facilitations d’accès au logements proche de leurs activités.
Finalement, comme je persévérais à accomplir mon travail selon les règles et les exigences du poste, car je ne vois pas les choses autrement, c’est ma culture, à moi, qui est irréconciliable avec la « culture des rangers ». Ce haut responsable, en désespoir de cause et fidèle à sa culture tyrannique (des rangers), a fini par me licencier dans les pires conditions possibles, tout en montrant ostensiblement un grand plaisir à le faire, pour affirmer sa toute-puissance. Cela se passait, au su et au vu des instances protectrices du travail et des collègues qui suivaient en temps réel ces harcèlements.
Je ne sais pas combien de temps lui et son équipe continueront ainsi, mais une chose est certaine : ce ne sera pas pour très longtemps. Les armées qui n’ont que les pointes de leurs « rangers » à offrir finissent toujours mal, très vite.
Pour revenir à mes disputes d’enfant avec les cancres de mon école, je n’aurais pas dû y répondre ni m’en soucier, car elles étaient provoquées par des adultes qui tiraient les ficelles. J’aurais dû tendre l’autre joue.
Commentaires
Le genre d’énergumènes que tu décris si bien sont légion.
Je te souhaite bien du courage !!!